VEILLE SCIENTIFIQUE 2024-04

04-2024



ARTICLES CONSEILLES

Informations, articles scientifiques, études concernant l'activité pédiatrique

Codex Alimentarius et réglementation des préparations de suite

Le 28 novembre dernier, le CODEX Alimentarius a adopté une mise à jour de la norme sur les préparations de suite destinées aux nourrissons deuxième âge (6 à 12 mois) et aux produits destinés aux jeunes enfants (12 à 36 mois).
La fédération SNE (Specialised nutrition EU) s’est montrée à cette occasion favorable à son adoption par l’UE en publiant sa position durant ce mois d’avril 2024, intitulée « Let’s close the regulatory gap on Young Child Formula ! ». La SNE insiste sans surprise sur la nécessité qu’une règlementation cadrant les laits de croissance (composition et étiquetage) soit mise en place dans les plus brefs délais. 
En liens, la position de la SNE et le projet de norme Codex pour les préparations de suite destinées aux nourrissons du deuxième âge et aux produits destinés aux enfants en bas âge

La position de la SNE

Lien FAO/OMS




ELEMENTS DE CONTEXTE

Actualité politique et institutionnelle en lien avec l'activité pédiatrique

France et recommandations sur l’introduction et l’apprentissage des textures

Apprendre à bien mâcher participe au développement d’un comportement alimentaire sain. La diversification alimentaire est une période clé de développements de la mastication et de l’acceptabilité des aliments solides. Ces développements résultent d’évolutions physiologiques et du type d’alimentation reçue. Exposer les enfants à une alimentation variée en textures, particulièrement à partir de 8 mois, est une étape indispensable pour le développement d’un comportement alimentaire adapté. Cependant, des observations françaises ont suggéré une introduction tardive des morceaux dans l’alimentation des enfants, d’où la nécessité de communiquer sur le sujet. Depuis 2005, les recommandations nationales abordaient peu ce sujet, alors qu’émergeait la diversification menée par l’enfant (DME), une approche alternative à la conduite de la diversification « classique » (introduction de purées), dont les bénéfices sur le développement des capacités masticatoires avaient peu été étudiées. 
En 2021, Santé Publique France a mis à jour les recommandations françaises, en intégrant notamment la texture. Quel que soit le mode de diversification choisi, les parents devraient introduire les textures idéalement entre 6 et 8 mois pour aider leur enfant à développer ses capacités masticatoires.

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ARTICLES CONSEILLES

Informations, articles scientifiques, études concernant l'activité pédiatrique

Régime alimentaire sans gluten et autres thérapies contre la maladie cœliaque : revue narrative sur la compréhension actuelle de la maladie et les stratégies émergentes

Un régime sans gluten (RSG) à vie est le seul traitement de la maladie cœliaque et d'autres troubles liés au gluten. Néanmoins, le respect strict du RSG est souvent difficile en raison des préoccupations concernant l'isolement social, le risque de contamination par le gluten, le coût élevé, la mauvaise qualité et le goût des produits sans gluten. Étant donné que l'adhésion au RSG pose des défis, des thérapies alternatives devraient être mises en œuvre dans les années à venir pour améliorer l'efficacité du traitement et la qualité de vie des patients atteints de la maladie cœliaque. L'objectif de cette revue narrative est d'explorer les connaissances actuelles du RSG et d'étudier ses perspectives, en mettant l'accent sur les progrès technologiques, les stratégies de suivi et les perspectives d'un avenir en évolution rapide.

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Obstacles persistants du panier d'aliments de base sans gluten, évaluation de la disponibilité, du coût et de la composition nutritionnelle 

Le seul traitement des troubles liés au gluten est diététique. Le « panier alimentaire de base » (BFB) se compose d'une liste d'aliments de base consommés par les groupes à faibles revenus. Pour évaluer dans cette étude le coût, la disponibilité et la qualité nutritionnelle du BFB, et du BFB sans gluten (GF-BFB), les aliments ont été photographiés, enregistrant leur coût, leur disponibilité et leurs caractéristiques nutritionnelles, dans les supermarchés de haute qualité et de milieu de gamme, les grossistes, les magasins dits « diététiques », et les magasins du coin, en faisant correspondre chaque produit BFB ordinaire avec un équivalent sans gluten. Sur les 1177 produits potentiels, la sélection d'aliments les moins coûteux a donné 55 et 47 produits (BFB et GF-BFB, respectivement). Les pains/céréales et les boissons présentaient les différences les plus élevées (279 % et 146 %, respectivement) tandis que les viandes et les saucisses présentaient les plus faibles (18,6 %). Le coût du GF-BFB représente 30,1 % du salaire minimum. La disponibilité se situait entre 22,7 et 42,4 %. Une plus faible disponibilité a été associée à une qualité nutritionnelle plus faible dans le GF-BFB, qui fournit 5 % d'énergie en moins, 26 % plus de matières grasses et 25 % moins de protéines que le BFB. Autre observation très intéressantes, seuls 47 % des produits considérés sécuritaires et sans gluten par des associations de cœliaques étaient étiquetés « sans gluten ». Les résultats suggèrent fortement que le GF-BFB doit être repensé pour être à la fois sans gluten et nutritionnellement plus adéquat.

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Connaissance et adhésion à l'alimentation sans gluten chez les adolescents atteints de la maladie cœliaque : une étude transversale

Cette étude a examiné la relation entre la connaissance et l'observance du régime sans gluten (RSG) dans une population locale d'adolescents atteints de la maladie cœliaque. Les objectifs secondaires étaient d'identifier les sources d'information utilisées pour en apprendre davantage sur le RSG et de comparer les connaissances des adolescents et des parents sur le RSG. Sur les 40 dyades [adolescents-parents], 15 sur 40 adolescents (37 %) avaient des connaissances suffisantes et 25 sur 40 adolescents (63 %) avaient des connaissances insuffisantes. Au sein du groupe de connaissances insuffisants, 14 sur 25 (56 %) n'ont pas identifié correctement suffisamment d'aliments sans gluten autorisés. Les parents ont obtenu un score plus élevé sur le questionnaire (67 % avaient suffisamment de connaissances). Les adolescents ont déclaré avoir une adhésion globale au RSG (88 %), l'observance étant similaire entre les groupes de connaissances suffisants et insuffisants (80 % contre 92 %). Les sources d'information les plus utiles comprenaient des médecins, une autre personne ayant la maladie cœliaque, un parent, et Google; les applications étaient pour leur part rarement utilisées.

Pour en savoir plus, c'est par ici 



Prévalence des troubles de l'alimentation et leur association avec la dépendance aux médias sociaux chez les jeunes

Les troubles de l'alimentation et l'addiction aux réseaux sociaux chez les jeunes sont un sujet de grande préoccupation. Cette étude a tenté d’évaluer la prévalence des troubles de l'alimentation et leur association avec la dépendance aux réseaux sociaux dans cette étude transversale descriptive, menée sur 350 participants âgés de 14 à 25 ans. Deux outils pré-validés ont été utilisés, à savoir le test d'attitude alimentaire et l'échelle de dépendance aux réseaux sociaux. Sur les 350 étudiants, 42 % avaient des troubles alimentaires probables et 41,7 % avaient une dépendance aux réseaux sociaux. Cela reflète la nécessité et l’urgence de s'attaquer aux conséquences néfastes de la dépendance aux réseaux sociaux qui pourraient augmenter les risques de développer des TCA, avec un risque particulièrement augmenté pour la boulimie.
Pour en savoir plus sur la méthode, les résultats et les discussions :

Lien vers l'étude 



Une étude pilote à plusieurs niveaux d'une thérapie cognitivo-comportementale via application mobile, pour le traitement des troubles de l'alimentation chez les étudiants universitaires. 

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des troubles psychiatriques graves, associés à une morbidité et une mortalité substantielle qui sont répandus chez les étudiants universitaires. Étant donné que de nombreux étudiants ne reçoivent pas de traitement en raison du manque d'accès sur les campus universitaires, les adaptations de la santé mobile (mHealth) des traitements fondés sur des données probantes représentent une occasion d'accroître l'accessibilité et l'engagement du traitement. Le but de cette étude était donc de tester l'efficacité initiale de « Building Healthy Eating and Self-Esteem Together for University Students » (BEST-U), qui est une application de thérapie cognitivo-comportementale autoguidée (TCC-gsh) de 10 semaines qui est associée à un bref coaching de télésanté hebdomadaire de 25 à 30 minutes, pour réduire la psychopathologie des TCA chez les étudiants universitaires. La présente étude a fourni des preuves liminaires que « BEST-U » est un traitement potentiellement efficace pour réduire les symptômes de TCA. Bien que des essais contrôlés randomisés à plus grande échelle soient nécessaires, une application comme « BEST-U » peut représenter un outil innovant et évolutif qui pourrait atteindre un plus grand nombre d'étudiants universitaires mal identifiés et mal suivis, que les modèles traditionnels d'intervention échouent à soigner.
Pour en savoir plus sur ces données liminaires :

Lien vers les données 

LU POUR VOUS

Données d'intérêt mais non validées par un comité de lecture


« Stop Teaching' Kids It's Their Fault They're Fat » : Obésité en pédiatrie et dangers de certaines recommandations américaines


Pour élément de contexte, en décembre 2023, un panel américain recommandait de « commencer à conseiller » les enfants souffrant d’obésité dès l'âge de 6 ans sur leur nutrition et l’exercice physique. Vous pouvez les consulter en suivant les deux liens ci-dessous :
https://www.medscape.com/s/viewarticle/us-panel-recommends-children-obesity-start-counseling-age-6-2023a1000v54 
https://www.uspreventiveservicestaskforce.org/uspstf/draft-recommendation/high-body-mass-index-children-adolescents-interventions
Recommandations auxquelles le Dr Freedhoff Yoni, professeur de l’Université canadienne d’Ottawa, spécialiste de l’obésité, de la santé des familles et fondateur du Bariatric Medicine Institute, a publié un droit de réponse intitulé « Arrêtez d'enseigner aux enfants que c'est de leur faute s’ils sont gros » dont voici quelques passages :
« […] Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de place pour le conseil. Mais pour les enfants dès l’âge de 6 ans, ces conseils devraient être dispensés exclusivement à leurs parents et tuteurs. Ce conseil devrait se concentrer autant, sinon plus, sur l'impact des préjugés liés au poids et sur les fondements biologiques de l'obésité plutôt que sur le régime alimentaire et l'exercice physique, tout en enseignant explicitement aux parents les moyens de discuter de nutrition sans risquer que leurs enfants se sentent moins bien dans leur peau, augmentant ainsi le risque de conflits sur les changements, ou augmentant le risque que leurs enfants développent des troubles de l'alimentation ou des relations inadaptées avec la nourriture. […]
Mais revenez à la recommandation réelle de l'USPSTF pour les enfants de 6 ans et plus. Ils recommandent "au moins" 26 heures de conférences au cours d'une intervention interprofessionnelle d'un an. Mise à part la réalité selon laquelle cela n'est pas évolutif en termes de temps ou de coûts pour atteindre ne serait-ce qu'une fraction des quelques 15 millions d'enfants américains souffrant d'obésité, il y a aussi la question de la prestation de services. Parce qu'en ce qui concerne l'obésité, si l'intervention est purement éducative, même si vous voulez croire qu'il y a un programme qui aurait un impact vraiment efficace, cet impact varierait considérablement en fonction des compétences et de l'approche de chaque prestataire. Cette vérité gênante est également celle qui rend impossible de comparer de manière significative les résultats du programme même lorsqu'ils partagent le même contenu. […]
L'obésité infantile est une pandémie et sa propagation continue est implacable. Compte tenu de son énorme impact, en particulier à ses extrêmes, sur la santé physique et mentale, il s'agit d'un autre exemple concret de biais systémique concernant le poids. »
Pour lire l’intégralité de ce droit de réponse, c’est par ici :

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Bonne lecture de veille scientifique à toutes et tous ! 

L'équipe du CEDE

VEILLE SCIENTIFIQUE 2024-03